La vision : du jeune enfant aux grands parents
Exposé du Professeur François VITAL-DURAND lors de la Rencontre Annuelle 2017 de Genespoir à Dijon.
Le Professeur Vital-Durand, spécialisé en neuropsychologie des fonctions visuelles, est directeur de recherche à l'Inserm de Lyon et président de l'association Valentin Haüy. Il a travaillé sur le développement des fonctions visuelles à partir de modèles animaux, singes notamment. Il est membre actif de l'Association Représentative des Initiatives en Basse vision (ARiba), qui regroupe différents professionnels impliqués dans la rééducation et la réadaptation de patients malvoyants (ophtalmologiste, orthoptistes, opticiens, instructeurs en locomotion, neurologues ...).Avec des ophtalmologistes et d'autres professionnels de la basse vision, il a créé les consultations "bébé vision". Ces consultations permettent de diagnostiquer une anomalie visuelle dès les premiers mois de la vie. La correction optique sera idéalement proposée à neuf mois, âge auquel elle est bien acceptée. Pour favoriser le développement des capacités visuelles, une stimulation dès le plus jeune âge est à encourager.
Un enfant sans anomalie visuelle atteint une acuité proche de dix dixièmes à quatre ou cinq ans seulement.
Dans un premier temps, le Pr Vital Durand nous donne quelques repères sur les étapes du développement d'un bébé qui ne présente pas de pathologie visuelle particulière.
A vingt-quatre heures, le bébé sait reproduire certains mouvements que fait sa mère, ouvrir la bouche ou tirer la langue, par exemple.
A trois jours, le bébé agrippe tout ce qu'il peut, le sein, l'œil, le doigt.
A deux mois débute le rictus, le sourire social. Cette étape est le signe d'une bonne socialisation et d'un bon développement neurocognitif.
A quatre mois, le bébé peut attraper son biberon à deux mains et il maîtrise l'opposition pouce index. Il peut saisir un objet fin entre ses deux doigts.
A sept mois et demi, il a intégré l'indépendance des deux mains. C'est l'âge où il se retourne quand on met un cache sur l'œil de sa mère (transfert d'intention), sauf s'il est dans un champ autistique.
Neuf mois est un stade important pour le comportement social.
Douze mois est l'âge du non.
Des consultations bébé vision pour des diagnostiques précoces.
La mesure de l'acuité se fait très tôt, avec des carnets d'acuité sur lesquelles sont imprimés des cercles concentriques comportant des courbes plus ou moins rapprochées. Pour une personne entraînée, généralement l’orthoptiste, cet examen dure normalement six minutes. Vers trois mois, le nourrisson qui n'a pas de pathologie visuelle particulière a une acuité de un dixième, à six mois deux dixièmes, à un an quatre dixièmes. Mais il ne reconnaîtra les objets avec une acuité de 10/10 que vers quatre à cinq ans.
A trois mois le bébé a une bonne perception des couleurs. Il va commencer à s'en servir entre six et huit mois. Sa sensibilisation aux couleurs va ensuite se poursuivre jusqu'à quatorze ou quinze ans.
La vision du relief survient au quatrième mois mais elle peut être mesurée vers huit ou neuf mois seulement.
Jusqu'à l'âge de deux mois, le champ visuel est restreint et le bébé voit comme dans un tunnel. Le champ visuel est complet et à maturité à un an.
Les mouvements de suivi des yeux d'un enfant qui n'a pas de problème visuel deviennent presque adulte autour du sixième mois. Ils constituent un bon indicateur du développement neurologique. L’enfant attrape du regard et palpe des yeux longtemps avant de pouvoir prendre avec la main ou aller chercher en marchant.
Pour un enfant atteint d'albinisme, trois mois est l'âge idéal de diagnostic.
Le Pr Vital-Durand a mis au point, avec d'autres professionnels, un examen de la vision du nourrisson qui permet de dépister les enfants qui s’écartent de la norme. Le même examen permet de mesurer un niveau de vision, même très faible. Ainsi, un diagnostic précoce permet de guider l’éducation spécialisée des enfants déficients visuels dès l’âge où ils développent leur motricité dans l’espace et acquièrent une représentation mentale de l’espace, c'est à dire à partir du quatrième mois environ.
L’examen Bébé Vision comporte quatre éléments indissociables :
- la mesure de l’acuité, qui est la meilleure façon de détecter une amblyopie encore peu profonde,
- l'examen orthoptique, à la recherche du strabisme et l’examen ophtalmologique,
- la recherche des défauts de réfraction (myopie, hypermétropie, astigmatisme),
- la vérification du fond d’œil.
Chacun de ces éléments détecte des défauts différents, aucun ne les détecte tous. Dans le cas de l'albinisme, un diagnostic à trois mois est idéal pour que les parents puissent bénéficier si possible sans délai, d’une guidance parentale. Pratiquer l’examen avant un an est souhaitable pour trois raisons :
- la coopération rend l’examen plus facile entre 7 et 9 mois,
- si une amblyopie est découverte, elle est récente, encore peu profonde, et donc très sensible au traitement,
- l'occlusion et la correction optique sont bien acceptées parce que l’enfant n’a pas encore construit les limites de son schéma corporel. Il accepte ses lunettes comme ses vêtements. C’est d’abord la maman qu’il faut convaincre de la nécessité du traitement. Les enfants peuvent bien sûr être examinés plus tôt s’ils présentent un défaut apparent, ou plus tard, mais il est plus difficile d’examiner un enfant entre dix-huit et trente mois, et d’obtenir que le traitement soit bien exécuté et les lunettes portées.
Développement visuel du jeune enfant
Neuf mois est l'âge idéal pour introduire les lunettes
La correction optique et la stimulation précoces aideront l'enfant à développer ses capacités visuelles. Les parents peuvent utiliser des moyens simples, dès le plus jeune âge, pour faciliter le contrôle du regard en plaçant leur visage bien en face du bébé et suffisamment proche. Le bébé apprendra ainsi à se repérer dans l’espace. Pour les montures, le métal est à proscrire, De bonnes montures ont des branches qui ne démarrent pas complètement en haut du verre mais un peu plus bas. Les verres montent jusqu'aux sourcils.
L'exposé du Pr Vital-Durand est suivi de questions.
La première de ces questions concerne la nocivité des écrans. Le Pr Vital-Durand précise que rien n'est absolument prouvé sur ce sujet. Par contre, ce dont on est certain, c'est que la lumière bleue tient en éveil. Regarder des écrans de façon prolongée avant d'aller se coucher perturbe l'endormissement.
Bénédicte demande un avis sur les chapeaux anti-UV à bords blancs. Le Pr Vital-Durand déconseille ces bords blancs qui ne sont pas les plus confortables pour les yeux. Il leur préfère des bords foncés, bleus-marines ou noirs.
Une maman précise que l'acuité de son enfant est de deux dixièmes seulement. Elle demande si c'est parce qu'elle n'a pas suffisamment stimulé l'acuité de son enfant. Le Pr Durand se montre très rassurant et précise que si cette enfant a une faible acuité, tout manquement du parent n'y est pour rien.
Le Professeur Vital Durand a révélé, au travers de son exposé un intérêt passionné pour le contact avec les nourrissons. Il s'est montré d'un caractère très optimiste et doté d'un grand sens de l'humour.
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